…si l’on en croit les déclarations dans la presse de « l’expert » lynx pour l’Office Français de la Biodiversité (OFB) dans le Doubs. Ce même département où on effarouche les lynx orphelins pour les envoyer mourir de faim hors de vue. Alors parole discordante ou discours officiel ? A l’heure où le Conseil National de Protection de la Nature (instance consultative auprès du Ministère) a rejeté le projet de Plan National d’Action pour le lynx instruit par l’OFB, jugé trop timoré dans les mesures, pas clair dans les objectifs, insuffisant dans les financements, et surtout faux et abusif dans sa présentation décrivant une occupation optimale et complète du massif, l’établissement public est-il en désaccord avec ses propres conclusions formulées dans le cadre de l’inventaire national du patrimoine naturel ? L’OFB réfuterait donc l’avis du CNPN ? Le lynx ne serait plus menacé ?
Rappelons-nous que l’OFB (à l’époque ONCFS) n’a pas vu venir et a nié pendant une décennie la dégringolade des effectifs du lynx dans les Vosges, jusqu’ au constat de sa re-disparition en 2012.
Rappelons que l’OFB (« expert en première ligne ») niait l’ampleur du braconnage dans le Massif du Jura malgré nos multiples alertes relatives à la disparition de mères et à l’apparition de fratries orphelines, jusqu’à ce que nous découvrions des cadavres troués de balles.
Rappelons que l’OFB (expertise, là encore…) parlait de lynx déviants jusqu’à ce que nous mettions en évidence que les individus au comportement modifié étaient perclus de douleur suite à des rafales de plombs ou des collisions routières.
Rappelons que la circulation routière augmente chaque année de 1,5 à 2% (INSEE), et que le comportement crépusculaire de l’espèce l’expose, particulièrement en cette période de pré rut où les animaux sont plus mobiles. Cette vulnérabilité est accentuée par la concentration du flux de véhicules dans la tranche horaire « à risque », en raison du couvre-feu.
Rappelons que le lynx, grand prédateur, n’augmente pas sa densité si la population se développe. Il augmente le nombre de territoires occupés par un seul individu, et donc la taille globale de l’aire de présence permanente de l’espèce. Or, cette dernière n’a pas augmenté depuis 2010 (source …OFB), excepté les déplacements dans les Vosges de plusieurs individus provenant de lâchers allemands.
Rappelons que plusieurs zones accidentogènes ont été identifiées depuis de nombreuses années et que, malgré nos propositions réitérées, rien n’a été fait pour y remédier à ce jour.
Source OFB (Vandel, Stahl,) : en 2010, la population adulte était estimée à 108 individus adultes en France, en prenant en compte 14 supposés individus dans les Vosges, individus aujourd’hui disparus.
En 2018, l’OFB écrit dans le bulletin du réseau lynx « L’aire de présence irrégulière du lynx semble diminuer sur le massif jurassien ». En 2018, l’aire de présence dans le Massif du Jura avec 6 800 km² était inférieure à celle de 2010. D’ailleurs, 6800 km² divisés par la densité moyenne de 1 lynx pour 100km² avancée par l’OFB, cela ne donne en théorie que 68 individus pour le Massif Jurassien. Admettons un gros biais dans l’estimation et nous pourrions arriver à 80, voir 90 individus pour l’ensemble de l’arc Jurassien
Les nombreuses mortalités d’adultes, la multiplication et la récurrence des cas de jeunes orphelins plaident au mieux pour une stagnation de la population sinon pour une dégradation.
Alors ? Où est la saturation du massif ? L’information circule-t-elle au sein de l’OFB ? S’agit-il d’une position isolée ou de celle de l’établissement ? Nous attendons avec impatience des éclaircissements sur ces scandaleuses déclarations, car nous sommes très inquiets quant à la mise en place d’une vraie politique de conservation de l’espèce, à l’heure où l’Etat vient d’être condamné pour inaction climatique, et où, après avoir monté, armé et financé la brigade loup, l’OFB admet que les effectifs de l’espèce diminuent, contrairement aux engagements pris par la France auprès de ses partenaires européens.