Observé pour la première fois à Chisséria (39) le 16 octobre, ce jeune lynx nous a été signalé alors qu’il venait de tuer un jeune chat domestique dans un jardin. Les témoins ayant eu la présence d’esprit de le photographier, il a pu être établi qu’il était maigre et en difficulté, donc considéré comme lynx orphelin. Ceci a permis d’obtenir en 5 jours (tout de même) la dérogation de capture aux fins de sauvetage demandée le soir même au Ministère. Dès lors a commencé une partie de cache-cache entre le jeune félidé et notre équipe.
Il a été nécessaire de déplacer la cage piège à 6 reprises, afin de suivre, toujours avec un temps de retard ses pérégrinations. Aperçu en bord de route devant un bus, puis dans des propriétés d’Arinthod poursuivi par un chien ou encore sur une terrasse, se mirant dans une baie vitrée, ou caché dans une cabane de jardin, il a survécu tant bien que mal grâce aux conditions météorologiques favorables et à l’abondance de chats errants dans le secteur. La traque s’est poursuivie du 16 octobre au 12 novembre au soir.
En effet, dans la nuit du 9 au 10 novembre, le jeune prédateur a tué une chèvre dans un élevage de Vogna : cette prédation a été réalisée grâce à une concours de circonstances particulières (jeune chèvre de petite taille coincée dans un petit enclos pentu, et sortie de nuit alors que le vent avait ouvert la porte de la bergerie). Elle a néanmoins permis de mettre un terme à l’errance de ce jeune lynx. Après que nous ayons vérifié, grâce à un piégeage photographique, que le jeune était bien le même que celui de Chisséria, la cage-piège a été déposée à l’emplacement de la carcasse de la chèvre, le 12 novembre à 16h30. Dès 18h, le lynx était capturé, et subissait un examen vétérinaire à 20h.
Parasité et dénutri malgré ses derniers repas sur la chèvre, il ne pesait que 5,250 kg au lieu de 8 pour un jeune lynx de 25 semaines. Il était par conséquent condamné à relativement brève échéance, en particulier dès que les conditions météorologiques serait devenues plus rigoureuses. Il sera donc conservé au Centre durant environ 6 mois pour être préparé au relâcher en mai/juin 2013 selon le protocole désormais bien rodé et qui a permis la réinsertion de 4 jeunes en 4 ans. Une demande dans ce sens sera déposée avant la fin de l’année.
Ceci est l’occasion de rappeler qu’il est indispensable pour nous de disposer d’une dérogation de capture permanente, nous permettant d’intervenir dans les plus brefs délais. Dans ce cas précis, 2800 kilomètres, 300 heures de terrain consacrées à la traque et à l’enquête de proximité, et la mort d’un animal de rente auraient pu être évités si nous avions pu dès le 16 octobre au soir entamer une procédure de capture, qui avait à ce moment là de grandes chances de succès. Cette disposition, que nous demandons depuis plusieurs années fait partie des propositions que nous voulons soumettre dans le cadre d’un plan de conservation de l’espèce.